mercredi 29 août 2012






PROMENADES CHEZ BERANGER



Il y a quelques années quand j'étais encore libraire à Nice, j'avais acquis dans un lot, deux petit ouvrages de P.-J. Béranger. N'en trouvant pas la collation dans Vicaire, j'avais consulté la bibliographie spécialisée faite par Jules Brivois en 1876 et j'ai alors découvert avec un ravissement de néophyte, la complexité des éditions de notre poête national.
Du coup, au fil des trouvailles, j'ai ramassé ça et là, petit à petit, les In-32°, les contrefaçons Belges, et toutes les éditions rencontrées entre l'originale de 1816 et les dernières faites par Perrotin ou Garnier dans les années 1875-1880.
Cette "manie Bérangère "occupe maintenant plus de trois mètres de rayons qui contiennent quelques ouvrages non cités ou peu décrits par Brivois. Nous allons en détailler quelques uns.






*Chansons Nouvelles par P.J. De Béranger suivies d'un supplément composé des chansons de M.M. Jouy, Magalon, Gillé, Bast, Julien, Pradel, Navarrot et Lagarde, extraite du petit recueil récemment publié, intitulé la Marotte de Ste-Pélagie ou Momus en Prison. Bruxelles chez C.J. de Mat et H. Remy, Imprimeurs-Libraires, MDCCCXXV. Un Volume In-18°(146x92) de 175 pp. broché, couverture papier beige, au recto et au centre, vignette d'un Pégasse ailé, au verso, une urne. Culs de lampe gravés sur bois. Indépendamment de la préface de l'auteur, il y figure de la p.3 à la p.128, les 53 chansons nouvelles publiées la même année à Paris chez les marchands de nouveautés. Une  édition non expurgé, aucun vers supprimé, ni dans Le Malade, ni dans le Chant du Cosaque, pas plus que dans le Vieux Sergent.
Jolie petite contrefaçon Belge non citée par Brivois.






*Chansons par M.J.P. Béranger. Bruxelles, Auguste Wahlen et Compagnie, 1822. Deux volumes In-18°(140x86) de vi- 216 pp + 11 pp, 216 pp. avec en frontispice au tome I un très curieux portrait de Béranger légendé ainsi : " je ne vis que pour faire des chansons, si vous m'ôtez ma place, Monseigneur, je ferais des chansons pour vivre", reliés plein veau, guirlande dorée encadrant les plats, dos lisses, pc. de titre et de tomaison en maroquin rouge et vert, guillochis sur les coupes. L'ouvrage commence par une notice sur la vie de Béranger, texte extrait de la nouvelle biographie des contemporains, continu par la préface de l'édition de 1821 comprenant le dialogue entre "Mon censeur et moi" puis de la p.19 à la p.212 quatre vingt neuf chansons répertoriées à la table (p.213 à p.216), puis six chansons : Les Moeurs, Sermon d'un Carme, L'Accouchement, Le Misanthrope, Le Tour de Ronde, Mistigris sur 11pp. paginées 1 à 11. Au Tome II, on dénombre 73 Chansons et un "Appendix" de 16 Chansons,  supplément qui comprend 4/5 des chansons de 1816 supprimées dans l'édition de 1821 ce qui nous donne un grand total de : 89+6+73+12 = 180 chansons !!!. Essayons de débroussailler cet embrouillamini.
Nous avons 82 Chansons provenant de l'édition originale de 1816 et également 82 Chansons Nouvelles provenant de l'édition de 1821 soit 164 Chansons authentifiées sur 180. Dans l "Appendix" du tome II, il y a 10 chansons qui ne sont pas de Béranger voire : De la Patience, Lamentations de ces Demoiselles, Cadet Buffet politique, Les Vétérans, Souvenirs d'un Militaire, Les J'ai vu,  Le Royaume d'Ultrasie,
Vive la Charte, Les Projets d'un Bon Vieux Seigneur, Petit Vaudeville.  Nous voilà (164 + 10) à 174.
Les six chansons manquantes pour arriver à notre total de 180 sont celles que nous avons en addenda au tome I après la p.216. L'une d'entre elles, Le Misanthrope ne semble pas être de Béranger. je ne retrouve ce titre dans aucune édition. Par contre les cinq autres étaient considérés par Brivois et par tous les bibliographes comme parues originalement dans le supplément de 1829, édité chez Tarlier à Bruxelles ou dans l'édition Tarlier/Jules Boquet (en Quatre volumes avec 40 gravures) parue au même moment ( Cf. François Godfroid. Aspects inconnus et méconnus de la contrefaçon en Belgique,1998)

Que Nenni !!! Comme nous venons de l'exposer, L'EDITION ORIGINALE de ces cinq oeuvres est donc parue dans cette édition de 1822, chez A.Wahlen à Bruxelles soit 7 ans avant.
Edition Rare citée en bas de page par Brivois qui n'a pas vu l'essentiel.






*Chansons par P.J. De Béranger,  augmentées du recueil publié en 1815 par le même auteur et d'un supplément de chansons qui ne se trouvent pas dans les éditions de Paris. Bruxelles, de la Société Typographique, 1826. Deux Volumes In-24° carré (100x90) de xxiv-287 pp., 324 pp.  En frontispice du tome I même portrait de Béranger que dans l'édition Wahlen de 1822 décrite ci-dessus. (Il apparait d'ailleurs que Wahlen et la Société Typographique étaient une affaire commune d'édition). reliés plein veau, guirlande dorée encadrant les plats, dos lisse ornée de petits fers, titre au centre des plats.
L'ouvrage commence par une notice sur les poésies de Béranger par P.F.Tissot. On compte 120 chansons au tome I et 124 chansons au tome II ce qui nous donne le chiffre fantasmagorique de 244 chansons. En collationnant, on s'aperçoit que 85 d'entres elles proviennent de l'E.O. de 1816, 81 de l'édition de 1821 et 53 des Chansons originales de 1825 soit un premier total de 219 Chansons. Pour compléter à l"Appendix" du tome II on a 11 chansons qui ne sont pas de Béranger : les dix de l'édition Wahlen de 1822 auquelles s'ajoute l'Officier en Retraite et par ailleurs toujours au tome II, Neuf titres qui ne sont pas de Béranger : La Destitution, Le Misanthrope, Chant Funèbre, Le Soleil d'Austerlitz, Le Sabre, Le Cordon Sanitaire, Les Moutons, Le Retour d'un Grenadier d'Espagne, Le Provincial à Paris.
Nous voici rendu à un deuxième sous total de 239 chansons. Pour aboutir à 244 on retrouve à la table du tome II : Sermon d'un Carme, L'Accouchement, La Tour de Ronde et Mistigri, quatre de nos originaux parus en 1822 chez Wahlen et enfin la dernière : "Nouvel ordre du jour" qui figure dans cette édition de 1826 d'une façon pour le moins inconnue puisque Brivois p.22 qui est tout de même la référence en matière de bibliographie de Béranger  ne cite sa première apparition originale que dans le supplément grand In-18 de 1829 !!!
Charmante édition bien Rare, jamais citée.






* Nouveau Recueil contenant tous les airs des Chansons de Béranger dont les plus jolies sont avec accompagnement de Piano ou Guitare par les meilleurs compositeurs tels que : Romagnesi, Panserou,
B.Wilhem, de Beauplan, Bruguière, Doche...Dédié au Poete National de Béranger. A Paris, chez Savaresse, éditeur de Musique, Palais-Royal N°96. Un Volume In-12°de 148 pp. + 8 pp. de supplément. En frontispice, un portrait gravé de Béranger en buste par A. Lefebvre. 297 chansons, la plupart avec la musique notée. Les 219 premières sont toutes issues des éditions de 1816, 1821 & 1825.  Elle se termine au "Voyage Imaginaire". Ensuite du N° 220 au N° 259 inclus des chansons publiées initialement dans les éditions 1828-1833. On finit avec "le Tombeau de Manuel". Puis du N°260 au N° 281 inclus, des airs divers qui n'ont rien à voir avec les chansons de Béranger. Dans le supplément du N°282 au N° 297, dernier air du recueil quinze chansons de Béranger : Le Bonheur, Chant funéraire,
Colibri, Les Contrebandiers, Couplet, les Feux Follets, Gotton, Jacques, Jeanne la Rousse, Le Juif Errant, Le Ménétrier de Meudon, Mes Jours Gras, Passez Jeunes Filles, Le Refus, Les Reliques, La Restauration de la Chanson. Cette énumération permet de dater cet ouvrage : 1833.puique toutes ces chansons sont apparues dans l'édition dédiées à Lucien Bonaparte.
Il est paru antérieurement un autre recueil d'airs avec la musique gravée en 1822, publié par Guichard-Printemps, professeur de piano à Paris que l'on trouvait également chez Hentz-Jouve, marchand de musique, Palais-Royal N°96. (Brivois, p.6).  En onze ans, la boutique de musique du N°96 du palais-Royal avait donc changer d'exploitant.
Edition inconnue de tous les bibliographes.





* Chansons de P.-.J. de Béranger. Bruxelles, Chez Jules Bocquet, s.d.(1827). Un Volume In-32° de
xxviii-518 pp. Bruxelles, Imprimerie de P. J. Voglet. La page de titre orné d'une vignette en couleurs, ( Le Vieux Drapeau) et trois autres lithographies couleurs hors texte :  La Bacchante, Les Missionaires et la Messe du Saint Esprit.
Collation : x- p. de notice sur Béranger signée Jules B.....t, la préface de Novembre 1815, (dialogue avec le Censeur), du"Roi d'Yvetot" (p.1) au "Voyage Imaginaire" (p.427) un ensemble de 217 chansons des éditions précédentes, faux titre : Chansons nouvelles à la p.429,  soit neuf chansons toutes en édition originale. ce qu'ignore parfaitement Brivois. D'après lui, "Souvenirs du peuple & le Petit Homme Rouge"apparaissent seulement en 1828 ( Paris, Baudoin Frères, un Vol. in-18°, imp. de Fain; p.105 & p.95), tout comme "l'Echelle de Jacob & La Mort du Diable" parues également en 1828 ( Paris, Baudoin Frères, 2 Vol. in-8°, imp. de Rignoux) et plus tard encore dans le supplément (Tome IV, Tarlier) de l'édition en quatre volumes de 1829 pour "La Messe du Saint-Esprit", "Le Mariage du Pape", "La Garde Nationale", "la Mort de Trestaillon"ou "Les Femmes"(Tarlier, Bruxelles, Tome IIi, p.199). Cette édition Belge de Bocquet ne peut être traitée de contrefaçon (Brivois, p.12)  puisque à contrario elle contient des publications originales.

A partir de la p.455 jusqu' à p.499, une vingtaine de chansons attribuées à Béranger. Vaste fourre-tout.
On y trouve des oeuvres qui sont bien du poète comme "Mistigri, Le Chien de Saint Roch, Mandement des Vicaires Généraux" et la cohorte habituelle des douteuses. A partir de la p.500 des notes et des tables, celles ci contrairement à toutes les éditions précédentes classées en ordre alphabétique.

On peut trouver cette édition imprimée à Bruxelles chez Laurent. C'était une première publication d'une série "Collection des Poètes Français. Cette publication a été partagé entre Laurent, Tarlier et Jules Boquet. Elle peut présentée le titre, non daté avec la seule indication de Jules Bocquet, comme notre exemplaire, ou le nom et l'adresse des autres associés : Par contre le verso du faux titre porte toujours
Bruxelles, Imprimerie de Laurent Frères. Notre mention Imp. de Voglet et d'une grande rareté.

Un journal, la Sentinelle des Pays-Bas du 7 octobre 1827 fait l'éloge en ces termes de l'édition Jules Boquet : "Le Béranger de M.Boquet est une charmante miniature; il est le seul complet qui existe; l'impression, due à Mrs Laurent, est très soignée, très correcte; mais n'en déplaise à M. Jules Boquet, il nous parait un peu cher....."






*Vignettes en taille-douce, par nos meilleurs artistes, d'après les dessins de nos premiers peintres, pour les chansons de P.J. De Béranger. Paris, Perrotin, éditeur, Rue Neuve-des-Mathurins, N° 51, Chaussée d'Antin. 1829. Un volume in-12° carré contenant une première série de gravures soit 48 Planches. Portrait de Béranger gravé par Scheffer en frontispice, vignette sur le titre, couverture conservée papier de couleur, orné d'un bois gravé de Cousin. Reliure demi veau, dos lisse.
Cet ouvrage est cité par Brivois (p.32). Il y a fort probablement deux livraisons distinctes.
L'édition de 1829 a été mis en vente, avec une première série de gravures qui devait en avoir d'abord  40 puis 48 en six livraisons dont la première avait parue dès le mois de Juillet 1828.
Notre recueil correspond t-il à cette première série ? Si cela est on pourrait dresser la liste du premier tirage, actuellement inconnue car je n'ai pas retrouvé le détail dans le Journal de la Librairie.






*Oeuvres complètes de Béranger. Nouvelle édition. Bruxelles, Langlet et Compagnie, Libraires-Editeurs, Rue de la Madeleine N°87, 1838. Un Volume petit in-8°de 189 pp. texte sur deux colonnes. Une notice sur Béranger, l'inévitable préface de Novembre 1815, et une première partie comprenant
269 chansons, a la p. 151, faux titre : Chansons nouvelles et dernières, le Texte à Lucien Bonaparte et sa préface. 56 chansons. Relié demi chagrin marron, dos à nerfs.
Edition rare inconnue de Brivois.






*Oeuvres complètes de P.-J. de Béranger. Illustrations de Grandville. Bruxelles, Riga Imprimeur-Libraire. Liège, - Même Maison. 1844. Un volume in-8° de 497 pp.
Brivois (p. 61) cite une édition dans les termes suivants :" Oeuvres.....Un vol in-8° de 497 pp. contenant 40 gravures sur bois et sur cuivre, copiées sur l'édition de Paris. cette contrefaçon contient en plus une notice sur Béranger, signée : un homme de rien ".
Notre exemplaire est différent. c'est bien un In-8° de 497 pp.  avec la notice décrite sur Béranger mais il contient les 120 planches de Raffet et Grandville. Contrairement à toutes les éditions parisiennes de Fournier, les légendes des illustrations ne sont pas en lettres blanches ombrées mais en simple carectères
type antique allongé maigre, il y a un bois gravé non signé en frontispice représentant Béranger debout, les mains dans les poches et la page de titre est orné d'un grand bois romantique à compartiments , oeuvre du graveur B. Fabronius, et propre à cette édition.
Relié demi chagrin vert à coins, dos lisse avec de beaux fers romantiques.
Edition inconnue.





*Chansons de Béranger. Supplément. Paris, chez les marchands de Nouveautés. MDCCCLXVI.
C'est le supplément érotique de 1834 réimprimé en Belgique, à quinze exemplaires sur Hollande, avec  après le faux titre, une gravure pleine page de F.Rops.
Un volume grand in8° de 159 pp., relié demi maroquin rouge, dos à nerfs, caissons ornés.
Edition citée par Brivois. Seul intérêt : sa rareté.





Enfin pour finir cette chronique baladeuse, la photo d'une plaque en cuivre (24x10), trouvée ces jours derniers au déballage du petit matin à Carpentras et figurant sculpté en ronde-bosse notre poète debout, les mains dans les poches, légendée : " Je n'ai flatté que l'infortune". 1840.

Vous pouvez rectifier vos fiches bibliographiques sur Béranger et a bientôt pour une autre promenade.

Bernard.