mercredi 17 juillet 2013

Pierre-Jean de Béranger.

Deuxième promenade.



Le Roi d' Yvetot. Litho 14,5 x 13. 

Bonjour,

L'année dernière dans un billet du blog, nous avions décrit quelques trouvailles bibliographiques relatives aux diverses éditions de P.-J de Béranger, notre poète national.
En voici quelques autres.

Dans la première période décadaire des parutions soit donc de 1816 à 1826, si on se fie aux ouvrages  de références connus et principalement à celui de Jules Brivois, nous avons essentiellement trois éditions :

*- L'édition Originale. A Paris, chez Alexis Eymery,1816, Un Volume In-18° de XVI-232 pp. Chansons Morales et autres. Elle comporte 83 Chansons.

*- Chansons. A Paris, chez tous les Marchands de Nouveautés, 1821, Deux volumes petit In-12° imprimés par Firmin-Didot de 246 p. et 252 p. qui comporte 78 Chansons de l'édition de 1816>/sur les 83 parues et 84 nouvelles soit donc un total de 162 chansons.

*- Chansons Nouvelles. Paris, chez les Marchands de Nouveautés, 1825, Un Volume In-18° de 215 p. imprimé chez Flassans. 53 nouvelles Chansons en comptant la préface qui est versifiée.

Pour cette période Brivois cite brièvement 4 contrefaçons dont celle en deux volumes in-18°, publiée en 1822 par Wahlen à Bruxelles, ouvrage que j'ai décrit par le menu dans ma première promenade.

J'ai découvert, il y a peu, une édition contrefaite Suisse (sic ) de 1822, deux petits volumes In-12°de 216 et 234 pp. publiés chez Manget et Cherbuliez, imprimeurs-libraires à Genève au N° 25 de la rue de la Cité. Le contenu est, en tous points, conforme à l'édition Firmin-Didot de 1821 mais si elle contient bien dans le tome I la notice bibliographique, elle ignore la préface de 1815 mais surtout dans le tome II à la page 225, sous le titre "Supplément", on trouve un avis des éditeurs que je vous reproduis in extenso :
"Une contrefaçon qui vient de s'imprimer en Belgique, contient, dit-on, quinze chansons qui ne se trouvent point dans l'édition de Paris. Nous avons acquis la certitude qu'elles ne sont point de M. de Béranger. En revanche en voici deux nouvelles qui circulent manuscrites dans Paris et dont l'authenticité est complètement constatée."






A la suite, effectivement p. 226 et p. 227, on trouve dans l'ordre : "Dénonciation envoyée à MM. les juges de la Cour Royale, en leur transmettant de jolis couplets où l'on se permet de faire mon éloge" et La Muse en Fuite ou ma première visite au Palais de Justice ".

Voila un double Scoop bibliographique !!! Tout d'abord jamais ni Brivois, ni un autre chercheur n'ont cité une édition Suisse des Oeuvres de Béranger et par ailleurs ces deux chansons "Dénonciation" et la"Muse en fuite" étaient considérées comme une publication originale dans l'édition des Chansons Nouvelles de 1825 ou elles figurent en tête de volume. Il n'en est donc rien.  L'édition originale de ces oeuvres est de 1822 et de publication Suisse......

Un détail complémentaire, dans la rédaction du "Supplément", l'éditeur dit que quinze chansons ( qu'il a manifestement trouvées dans la contrefaçon Wahlen) ne sont point de Béranger. Tables vérifiées, je n'en ai trouvé que dix.



C n'est plus Lisette. Litho 14,5 x 13.

Voilà une autre contrefaçon, également inconnue de tous, Brivois compris : Un petit in-12° de 216 et 216 pp., deux tomes reliés en un volume. Le Tome I comprend la préface de 1815 mais pas la fiche bibliographique. Publié à  Bruxellles en 1823 chez Ferra Ainé, Libraire rue de Lombart au N° 1234.

Le tome I comporte 89 chansons ( 8 de plus que dans l'édition de 1821, mais il ne s'agit que d'un décalage dans l'impression : Le Vilain- Le Ménétrier- Les deux soeurs de charité- Les oiseaux- La complainte d'une de ces demoiselles- Ce n'est plus Lisette- Le Marquis de Carabas- Ma république font ici partis de ce volume), le tome II possède les 83 Chansons suivantes qui vont classiquement et chronologiquement de "l'Hiver à celle du 5 Mai" avec, à la p.175, un supplément  nommé Appendix
qui répertorie à la suite 16 autres chansons. Il s'agit de :

De Profundis
Le Chien de Saint-Roch
Turlututu
Amphigouri
L'Officier en retraite
De la Patience
Lamentations de ces demoiselles
Cadet Butteux politique
Les Vétérans
Souvenirs d'un militaire
Les J'ai vu
Le Royaume d'Ultrasie 
Vive la Charte
Mandement des Vicaire-Généraux de Paris
Les projets d'un bon vieux Seigneur
Petit Vaudeville





Si les quatre premières chansons de cette liste sont supprimées dans l'édition de 1821, elles appartiennent bien à l'édition originale de 1816 et sont donc de Béranger comme "Mandement des Vicaires-généraux de Paris" que l'on trouve, selon Brivois, pour la première fois en parution originale dans le supplément de l'édition de 1829. Encore un scoop !!! Voilà une oeuvre publiée en réalité six ans avant. Les onze autre pièces faussement attribuées ne sont pas de Béranger. Cadet Butteux est de Désaugiers, pour les autres des inconnues.






A la page 5 de sa bibliographie, Brivois, en appendice de bas de page, signale succinctement une autre contrefaçon de Bruxelles faite par Wahlen en 1823, un volume In-32° de 382pp. publié sans faux-titre.
Cet ouvrage contient 170 chansons c'est à dire huit chansons nouvelles par rapport à l'édition Parisienne de 1821, des chansons que l'on ne retrouve, là-aussi, et jusqu'à présent, citées comme originales qu'à partir de l'édition de 1825. Ces huit chansons sont : 

Ma Guérison
L'Ombre d'Anacréon
Conseils de Lise
L'Amitié
Mes Adieux à la campagne
La Sylphide
L'épitaphe de ma Muse
Nouvel ordre du jour





Voilà sept oeuvres qui ont étés en originales publiées deux ans avant et cinq ans avant pour la huitième ( Nouvel ordre du jour). Il est temps, amis lecteurs, de rectifier vos fiches. 



J'ai eu la chance de trouver un exemplaire de l'édition de 1826 en deux volumes in-18°publiée par Baudoin et imprimée par Fain. Tiré à petit nombre, elle serait d'après Brivois de la plus grande rareté.



En voici la collation : faux-titre(1p.),titre, 329 pp. (dont table de p.324 à p.329), faux-titre(1p.), titre,270 pp. (dont table de p.267 à p.270).  Cet édition contient au total 208 Chansons sur les 215 publiées entre l'édition de 1821 (162 chansons) et l'édition de 1825 (53 chansons). Sept chansons sont donc absentes. Il s'agit de : 



Deo Gratias d'un épicurien
La Descente aux enfers
Mon Curé
Les Capucins
Les Chantres de la paroisse 
Les Missionnaires
Le Bon Dieu

c'est à dire essentiellement les chansons condamnées en 1821, seul le Vieux drapeau figurant dans cette édition.

Le Vieux Célibataire. Litho 14,5 x 13.

Toujours dans mes nouvelles trouvailles, l'ouvrage suivant qui est certes un grand classique: 
Oeuvres complètes de P.-J. de Béranger. Tome V.
Supplément ( Chansons érotiques), Paris : Chez tous les marchands de nouveautés, 1834.
In-8° ( 228x150), 179 pp. (paginées 8-178) sur papier vélin. Relié à la fin  : la suite des 8 figures libres, non signées, gravées en taille-douce sur Chine collé sur vélin d'après Tony Johannot.
Edition imprimée sur papier vélin, légères rousseurs
Reliure de l'époque, demi veau rouge bordeaux, dos lisse orné.




EDITION EN PARTIE ORIGINALE destinée à compléter l'édition Perrotin de 1834 en 4 Volumes des Oeuvres de Béranger. Au bas de la page 179 figure cette indication, sans doute fallacieuse selon Pia : " Imprimerie de Petit, rue Saint-Denis, n° 380.
Ce tome V, contrairement aux autres  tomes, n'a été vendu que sous le manteau et fut saisi et condamné à la destruction par un arrêt de la cour d'Assises de la Seine rendu le 24 octobre 1834. Les noms des imprimeurs impliqués dans ce procès étaient Chantepie père et fils et non Petit. Une partie des chansons érotiques de Béranger avait déjà paru en recueil en 1829. Les 8 figures libres étaient alors positionnées dans les différents tomes de cette édition de 1829. Brivois dans sa bibliographie (p.31-32) précise ce classement.

Ce qui est peu courant c'est de trouver maintenant un exemplaire avec la suite des huit figures libres. Voyez les photos.





 

















Et aussi un autre exemplaire de ce même Tome V, Supplément ( chansons érotiques)  quasiment identique à l'édition originale citée ci dessus mais daté MDCCCXXXVI ( 1836), une édition inconnue qui pose beaucoup de questions.  Volume relié à la bradel avec une couverture papier rose sur laquelle on peut lire en quatrième de couverture l'avis suivant :  "Ce supplément a été tiré également pour les éditions suivantes : Perrotin, Paris, 1851-62 en 2 volumes In-8°Jésus papier vélin.- Quelques exemplaires sur papier de Hollande.- id., Paris 1834, en 4 volumes in-8°.- Supplément réimprimé identiquement conforme à ces éditions." Du fait même que cette réimpression peut être utilisée pour l'édition de 1862, elle ne peut avoir été imprimée en 1836 et pourquoi cette date qui ne signifie rien ?
Il aurait été extraordinaire que les imprimeurs lourdement condamnés en 1834 prennent le risque d'une réimpression clandestine en 1836. Totalement improbable. 







Je ne vois qu'une explication à cette date farfelue : un prote étourdi,  qui en composant cet ouvrage a mis le I après le V et non avant ce qui aurait bien donné la bonne date de 1834. !!!
Il est paru une autre édition du même supplément en 1866, celle tirée à 15 exemplaires sur Hollande avec en frontispice un beau dessin de Félicien Rops. Je vous ai parlé de cette édition dans mon dernier billet sur Béranger.
Nous voilà donc avec trois éditions différentes de ce Tome V supplément. La mise en page des chansons et les caractères utilisés sont quasiment identiques. La seule différence : en dessus du titre de chaque oeuvre, nous avons un bandeau sur l'originale, rien sur l'édition de 1862 et un filet sur celle de 1866. Regardez les photos.


1834
1862
1866


Encore une contrefaçon Belge inconnue : Chanson de Béranger. Edition complète entièrement conforme à la nouvelle édition que l'auteur vient de publier à Paris. Ornée de 32 Vignettes.

Bruxelles. Hauman et Compagnie. 1839. Un Volume In-24° de 664 pp. + in fine, Chansons attribuées à Béranger, 40 pp. Il y a un portrait en frontispice, bois gravé signé de Birouste, la notice sur la vie de Béranger, la préface de 1815 et 31 bois hors texte. L'ouvrage contient de la p.511 à la p.541 la dédicace des Chansons Nouvelles à Lucien Bonaparte et la préface de cette édition de 1833. 




On recense au total 317 chansons de Béranger. Si on additionne les chansons publiées dans l'édition Fournier de 1839, édition de référence publiée à Paris la même année, on n' en trouve que 314. Comme la table de notre contrefaçon est en ordre alphabétique, et non dans l'ordre logique et habituel des parutions, il est difficile de trouver d'ou provient ce mince écart. En fin de volume, les 40 pp. des Chansons attribués à Béranger contiennent 17 chansons dont 15 sont des Chansons érotiques publiées dans des éditions  précédentes dont le Tome V de 1834. Nous avons, dans l'ordre : 


Les Moeurs
Mistigris
Le Chien de Saint Roch
Les Femmes
Le Lavement
La Petite Ouvrière
L'Abesse du Couvent
Madame Barbe-Bleue
Les Culottes
La Relique de Saint Nicolas
La Petite Gourmande
Sermon d'un Carme
Les Deux Soeurs
L'Accouchement
Le Tour de Ronde
La Romance de Mlle. Justine
Les Consolations

Seules, Les Femmes et La Petite Gourmande ne sont pas de Béranger mais on peut s'étonner que l'éditeur Haumann ait fait imprimer derrière un faux titre une nomenclature à part de Chansons qu'il dit attribuées alors que celles-ci sont connues, répertoriées et imprimées plusieurs fois précédemment comme étant de Béranger.



Pour finir, la cerise sur le gâteau. On connaît les charmantes petites vignettes aquarellées( 9x6), dessinées par Henri Monnier qui, au nombre de 40, ornent l'édition Baudoin de 1828. Elles sont difficiles à réunir complètes, il en manque souvent 7 : L'Habit de Cour - L'Exilé - Le Bon Vieillard - La Marquise de Prétintaille - La Fuite de l'Amour - le Voyageur et les Deux Grenadiers. Pour votre plaisir, quelques photos de ces illustrations, peu courantes. 






Mais comme vous le savez peut-être et comme la bien décrit Aristide Marie dans son ouvrage bibliographique sur Monnier, il existe une autre suite non numérotée de 24 lithographies (14,5x13) publiées par Bernard et Delarue, en noir sur papier blanc et en couleurs sur papier teinté. Cette suite mythique rarissime, est parfois présentée avec une couverture-titre sur papier-bleu. L'une d'entre elle, sur noir  avec des rousseurs est passée en vente en Province au début 2013. Elle a dépassé largement le millier d'euros.

Le Dieu Hasard (en l'occurrence, un vieil ami de longue date....) m'a trouvé l'album. 




L' Orage. Litho 14,5 x 13.


Certes il n' y a que 19 lithos sur les 24, mais toutes en couleurs, certes elle sont rognées un peu court et de ce fait les légendes ont disparu, certes elles sont collées en plein sur un papier support mais c'est tout de même fort sympathique. Je vous laisse contempler et admirer. 



Les Petits coups. Litho 14,5 x 13. 


J'ai d'une part fait des photos des lithos seules et d'autre part, pour certaines je les ai rapprochées de leurs équivalence en vignettes, titre pour titre.



L' Habit de Cour. Vignette 9x6 et Litho 14,5x13. H.Monnier 1828.






Le Vieux Sergent. Vignette 9x6 et Litho 14,5x13. H.Monnier 1828







Le Petit Homme gris. Vignette 9x6 et Litho 14,5x13. H.Monnier 1828.




L'éxilé. Vignette 9x6 et Litho 14,5x13. H.Monnier 1828.

Résultat  souvent inversé, étonnant à la fois par les similitudes, comme par les différences. Charme et habilité, de l'excellent Henri Monnier.

A bientôt pour une autre promenade avec Monsieur de Béranger qui vous dit Bonsoir....