Bonjour à tous,
Le 20 décembre, l'Ami Bertrand dans son blog du Bibliophile Moderne nous détaillait avec sa fougue habituelle et son sens du beau, un fort joli Cartonnage Romantique qu'il venait de trouver sous le numéro 124 dans le catalogue d'un confrère. Voici l'essentiel de son propos :
Le numéro 124 du catalogue est un exemple de cartonnage romantique rare, intéressant à plus d'un titre à mon avis, et à retenir. Bernard nous donnera certainement son avis sur la question. Voici ce dont il s'agit :
124 - LA CARRIERES (A. C. de). Voyage aux pays aurifères. Afrique, Mexique, Californie, Pérou, Chili, Nouvelle-Calédonie, Australie, Russie. Paris, A. Courcier, [1855]. In-8 de (2) ff., 328 pp. ; percaline noire, décor polychrome au dos et sur le premier plat, fleuron doré au centre du second plat, tranches dorées (reliure de l'éditeur). Première et seule édition. Elle est illustrée d'une vignette de titre, de vignettes gravées sur bois dans le texte et de 12 planches lithographiées à fond teinté de Jules Arnout. Voyage philosophique et anthropologique dans les principaux sites aurifères mondiaux. L'ouvrage contient trois chapitres consacrés à la Californie comprenant des épisodes de la ruée vers l'or, une description de San Francisco et une planche montrant l'incendie de la ville. Un autre chapitre est consacré à l'Australie. Rare et bel exemplaire dans son cartonnage illustré d'éditeur. Ferguson, 7977. - Sabin, 38450.
Ainsi se termine la fiche descriptive de cet ouvrage. Thème intéressant, rare même. Reliure d'époque en parfaite condition. Tout est réuni pour faire de cet ouvrage une pièce convoitée des bibliophiles. L'ouvrage est proposé au prix de 2.500 euros.
Personnellement je n'ai jamais rencontré cet ouvrage. En cherchant sur le moteur de recherche vialibri j'ai pu en localiser deux exemplaires dans différentes conditions et à différents prix.
- Exemplaire en percaline éditeur (identique à celui-ci ??), modeste exemplaire remboité, usures, rousseurs, etc. Environ 1.150 euros (librairie anglo-saxone).
- Exemplaire en demi-chagrin rouge, reliure annoncée en parfait état, mais des rousseurs. 550 euros par une librairie française.
Je vous laisse vous exprimer sur cet ouvrage et sur cette jolie reliure éditeur. L'avis de notre ami Bernard sera des plus précieux pour bien juger.
Avis que j'avais promis à Bertrand dès mon retour des Fêtes. J'ai été un peu fouiller mes rayons et j'ai trouvé l'exemplaire reproduit ci-dessus. Identique au recto que celui proposé par notre confrère et avec au verso un fer générique relativement commun qui représente Robinson accroché comme une bernacle à un rocher. Le fer est la reproduction de la gravure sur bois figurant au frontispice de l'ouvrage et légendé :
" Un Placer en Californie"
Seulement, dans ce rayon, j'ai un deuxième exemplaire tout à fait identique en ce qui concerne le titre, l'éditeur, la date mais avec des fers bien différents. Au recto dans un décor floral, que mes lecteurs retrouveront plus tard sur d'autre volumes, figure au centre un personnage debout accoudé à un tonneau et qui surveille le déchargement d'une barque. Le fer recto est la reproduction d'une gravure sur bois figurant dans l'ouvrage et nommé : " Traite de la Gomme". le verso, un vase fleuri avec de banales arabesques.
Et puis sur mes planches, je trouve un troisième exemplaire avec au recto le fer du Placer en Californie, c'est à dire nos deux chinois piochant dans le même entourage et au verso, un fer que je connais bien et qui figure un pacha montant à bord d'un navire, salué par un marin, un vieil homme en turban et fumant sa chibouque assis en arrière plan. Les ors de l'ouvrage sont de mauvaise qualité. C'est non pas de l'or comme pour les fers des deux exemplaires précédents mais un mélange de métaux dont du cuivre appelé " Or Allemand" par les fournisseurs et qui valait beaucoup moins cher mais qui s'usait rapidement. Mégard à Rouen comme Barbou à Limoges ont beaucoup utilisé cette matière.
Le Titre : Georges Anson- Byron- Ross. Voyages autour du Monde et dans les contrées les plus curieuses du globe depuis Christophe Colomb jusqu'à nos jours par les plus célèbres navigateurs. Paris, Ch. de Lamotte et Cie. 1860. Un Volume In-8°(150x245) illustré de 8
belles planches gravées sur acier. Percaline marron. Fers non signés.
Et pour continuer la ronde, toujours dans le même rayon des Voyages, je trouve un exemplaire du Tour du Monde ou une fleur de chaque pays, un ouvrage de J.-B.-J. Champagnac, pas rare en cartonnage et dont je connais au moins cinq fers différents. Nous avons là, la deuxième édition publiée à Paris chez Lehuby vers 1850. C'est un volume Grand In-8°(165x260) avec 20 planches hors texte. L'exemplaire est en percaline bleue, les fers dorés et mosaîqués et l'on retrouve au recto de ce volume le fer du pacha que nous avions au verso du volume précédent, le tout dans l'encadrement du premier et du troisième volume, nos chinois piochant. Par contre le verso figure un trois mâts, fer générique très commun.
Il court, il court le fer des bois Mesdames, il est passé par ici, il repassera par là..... La comptine n'est pas terminée.
Voilà maintenant que je ressors un ouvrage avec des fers identiques au premier sauf bien évidemment le fer central. Au recto toujours notre pacha qui monte à bord, le fer est d'ailleurs la reproduction du frontispice de cet ouvrage, lithographie très curieusement légendée :
" Un port de mer en Sicile". Il s'agit de Nil et Danube, souvenirs d'un Touriste. Egypte, Turquie, Crimée, Provinces Danubiennes par J.D. de Bois-Robert, ouvrage illustré de 12 Gravures à deux teintes et de nombreuses vignettes par J.B. Arnout Père et Carey. Un In-8°
(153x241) édité vers 1850 à Paris par A. Courcier. Une percaline bleue dorée et mosaïquée. Au verso nous retrouvons notre Robinson et son rocher. la boucle est bouclée avec le premier volume. Même recto sauf le fer central spécifique, même verso.
Les questions demeurent. En tant qu'éditeur Courcier a utilisé deux fois ce fer et avec des motifs centraux différents. De Lamotte, une fois et tardivement presque dix ans après Lehuby. Comment ce fer a circulé ? qui l'a conservé pendant ces 10 ans ? Pourquoi a t-on décidé d'en faire la couverture du Tour du Monde alors que la lithographie originale appartient bien à Nil et Danube ?
Un jour j'aurai peut-être la réponse à ces questions. En attendant j'espère que vous aurez apprécier ma petite ronde des fers qui n'a d'autre but que de vous faire participer à cette étude sur les Cartonnages Romantiques. Moi, je trouve cela passionnant et j'espère ne pas être le seul. Bonne soirée.
Belle démonstration de pratique éco-citoyenne où l'on voit les fers recyclés fort à propos. Dans la mesure où les cartonnages étaient produits à part des cahiers, peut-on imaginer une seule entreprise (spécialisée) possédant ces fers et envoyant à chaque éditeur les exemplaires commandés, ces derniers les baptisant du nom de leur maison d'édition sur la page de titre sans jamais posséder un seul de ces fers ? Pierre
RépondreSupprimerLa gravure des plaques était une activité Parisienne concentrée vers 1860 dans les 1er, 5éme et 3éme arrondissements. Mais avant 1860, on ne sait pas ? C'était le travail d'artistes dont certains nous sont connus." Pour avoir des fers, il fallait leur demander cinq ou six mois à l'avance"( Lesné, la reliure, page 99).Sophie Malavieille dans sa thése qui date de 1985 parle d'une acquisition par la BN de trois recueil d'empreintes de fer qui seraient les catalogues d'un marchand de fer (?), d'un graveur et d'un fondeur.Le marchand de fers qui s'appelait Petitbon a oeuvré depuis 183§ mais ce sont plutot des coins ou des motifs verso pour les ouvrages religieux et Enfantina tels que les produisait Mame. Dans la vente Béres j'ai acquis des projets de fers à peu près identiques. On peut effectivement supposer un organisme ou personnage central travaillant pour un éditeur ou deux mais pas pour tous. Il n'y avait pas de " Centrale d'achat et de conception". Rien n'est précis et les documents manquent.
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