Bonjour,
Aujourd'hui j'avais décidé de vous parler un peu du Musée pour Rire, cet ouvrage rare et méconnu, publié en 1839 par Aubert dans la veine des Robert-Macaire. Carteret III, 426-427 le décrit, Brivois, 296 le mentionne et Vicaire n'est pas plus prolixe. Aucun de nos bibliographes ne donne la liste détaillée des auteurs et dessinateurs des 150 textes et dessins qui composent l'ouvrage. Voulant réparer cette lacune, je feuilletais le tome I et le hasard m'a fait m'arréter à la douziéme livraison : " Le Pêcheur à la ligne". Le texte spirituel est de Louis Huart et la gravure l'accompagnant présentée dans un cadre floral et rococo est due au crayon de Gavarni.
De celui-ci, je connaissais une autre gravure de pécheur à la ligne qui figure dans " Les Toquades" et qui est référencée sous le N° 2035 au catalogue raisonné de J. Armelhaut et E. Bocher. Par contre, après vérification, notre lithographie du Musée pour Rire est inconnue à ce catalogue.
Puis tout d'un coup, cette image m'en rappelle une autre. Il est vrai que le sujet Chasse-Pêche a été surexploité par tous les dessinateurs romantiques. Les bourgeois qui trempaient du fil dans l'eau ou tiraient le lièvre ou le canard étaient légions dans la caricature des moeurs des années 1840. Je feuillette un peu dans mes rayons et tombe à la page 320 des petites Misères de la Vie Humaine et je retrouve ce que je cherche dans mon imaginaire. Un dessin de Grandville très semblable à notre Gavarni. Même chapeau, même redingote, même pantalon troussé aux genoux. Dessin reférencé dans l'oeuvre graphique de Grandville publiée par A. Hubschmid à la côte 1131.
De là, emporté par mon élan comparatif, je suis le bouchon et part à la pêche dans mes cartons et tombe bien vite sur Honoré Daumier et son très féroce dessin du Pêcheur endurci (Delteil, 356) ou l'acharnement à saisir le goujon empêche de voir l'homme qui se noie sous ses yeux et ce malgré les cris de la foule qui l'avertissent de ce drame.
Puis dans un autre carton voila une charmante gravure en couleurs de De Beaumont tirée des Scènes Conjugales. Notre pécheur coiffé d'un canotier est parti au bord de l'eau avec son épouse qui à l'air de trouver le temps long et qui préférerait sans doute d'autres distractions, peut être même un jeune amant plutôt que ce mari subjugué par le bouchon. On voit sur plusieurs dessins le pêcheur flanqué de sa femme. Serait ce parce que celui qui ne l'a pas à ses cotés ne peut être sans inquiétude ? Car, certaines caricatures laissent supposer que pendant qu'il traque l'ablette, quelque galant puisse lui faire porter des cornes.
Cela ne sera pas le cas du pêcheur tranquille que Grandville nous montre dans "Paturot revenu de ses grandeurs" à la page 453 de l'ouvrage de Louis Reybaud ( J.-J. Dubochet, Paris, 1846) puisque son épouse élève des serins à ses cotés. Plus de haut de forme, plus de canotier, mais une casquette populaire.
Celui vu par Gustave Doré ne saurait être cocu parce que solitaire sur sa berge afin d'illustrer dans les Fables de La Fontaine le charmant petit poisson et le pêcheur : "Un tiens vaut, ce dit-on, mieux que deux tu l'auras; l'un est sûr, l'autre ne l'est pas."
Moins connues, les oeuvres de Karl dit Quillambois qui dans un recueil intitulé "Plaisirs et Occupations de la Vie de Château" publié par Aubert vers 1848 nous montre un pécheur en costume à carreaux se livrant au plaisir de la gaule dans un exercice " vraiment champêtre".
Puis je traverse la Manche sans rien trouver dans mes Cruikshank qui nous montrent des individus trempant du fil dans l'eau. Par contre les différents volumes des Sketches de Robert Seymour ( R. Carlile, London, 1834-37) regorgent de caricatures sur les thèmes Chasse-Pêche. J'aime bien celle du volume 3, 21 sur papier vert qui illustre le couple et la pêche au chapeau de Clara.
J'arrête, ferme là mon pliant et revient de mon Voyage Imaginaire. Dans mon prochain blog, promis, je vous parlerais du Musée pour Rire.
Bonne soirée.
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